J-P Bonafé-Schmitt : le renouveau de la conciliation et de la médiation

Jeudi 11 juin 2020, la Cour de cassation a organisé une conférence en ligne donnée par le chercheur Jean-Pierre Bonafé-Schmitt, spécialiste de la médiation. Son intitulé ? « La justice et la paix : le renouveau de la conciliation et de la médiation ». Tout un programme que nous vous résumons ici. Numérique et tradition peuvent parfois faire bon ménage. La preuve avec la conférence organisée jeudi 11 juin 2020, de 17 h 30 à 19 h, par la Cour de cassation et retransmise en direct sur le site de la juridiction ainsi que sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Les internautes intéressés par la médiation ont ainsi pu suivre depuis chez eux la présentation de Jean-Pierre Bonafé-Schmitt intitulée « La justice et la paix : le renouveau de la conciliation et de la médiation ».

Monsieur Denis Salas, président de l’AFHJ (Association Française pour l’Histoire de la Justice), a commencé en introduisant Jean-Pierre Bonafé-Schmitt. Ce dernier, chercheur au centre Max Weber, est une référence en matière de médiation : Jean-Pierre Bonafé-Schmitt est enseignant-chercheur à l’université Lyon ; iI a créé l’association Amely, à Lyon également, lieu d’échange et de résolution des conflits où les usagers sont accueillis par des juristes et des médiateurs. Il tient aussi un blog sur la médiation. Autant dire qu’il connait bien le sujet.

Son développement s’est articulé autour de 5 points clés :

  1. La conciliation et la médiation ont toujours existé
  2. Le contexte du renouveau de la conciliation et de la médiation
  3. Les étapes du renouveau de la conciliation et de la médiation
  4. Un flou conceptuel persistant autour des notions de conciliation et de médiation
  5. Les enjeux de la médiation

« La médiation n’était pas une simple technique de résolution des conflits »

Dans le cadre du premier point concernant les médiations traditionnelles (« La conciliation et la médiation ont toujours existé »), Jean-Pierre Bonafé-Schmitt a principalement cité les travaux d’Anne Bozon (France) et de Christian Grosse (Suisse), partant du point de vue des historiens et évoquant par exemple le rôle du curé du XVIIème siècle qui avait alors un rôle de médiateur. « La médiation n’était pas une simple technique de résolution des conflits », insiste Jean-Pierre Bonafé-Schmitt.

Dans la deuxième partie (« Le contexte du renouveau de la conciliation et de la médiation »), le chercheur a mis en avant l’apparition d’une nouvelle conflictualité évoquant, entre autres, les conflits du travail et les quasi-émeutes urbaines. Puis (partie 3 : « Les étapes du renouveau de la conciliation et de la médiation »), il a distingué 4 étapes dans ce renouveau :

  1. Le passage de la justice informelle aux alternatives à la justice.
  2. L’autonomisation de la médiation au sein des MARC/MARL (Mode Amiable de Règlement des Conflits/Litiges) dans les années 1980 avec les premières formations à la médiation.
  3. Au milieu des années 1990, l’institutionnalisation de la médiation avec les premiers codes déontologiques et les premiers diplômes.
  4. L’hégémonie paradoxale de la médiation.

Développer une culture de la médiation

Dans sa partie 4 (« Un flou conceptuel persistant autour des notions de conciliation et de médiation »), le spécialiste a constaté une multiplication des tiers (d’une part les médiateurs, conciliateurs, négociateurs mais aussi d’autre part les facilitateurs, adultes-relais ou correspondants de nuit) en mettant en évidence un point commun : « Leur rôle est de favoriser l’autonomie des acteurs ». Jean-Pierre Bonafé Schmitt a également insisté sur l’importance de « Développer une culture de la médiation » et a évoqué le cas particulier de la médiation pénale.

Dans sa dernière partie, le chercheur a développé les enjeux de la médiation, évoquant la crise actuelle dans laquelle elle s’inscrit. « Nous ne devons pas nous attendre à un développement rapide de la médiation car, en France, nous avons tendance à judiciariser ». Au cours des questions posées par Denis Salas, président de l’AFHJ (Association Française pour l’Histoire de la Justice), et Sylvie Humbert, secrétaire générale de l’AFHJ, il est ressorti que la France manquait encore de données concernant la médiation. « Je plaide pour la création d’un Observatoire de la médiation », a conclu Jean-Pierre Bonafé-Schmitt.

Bonafé Schmitt
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